La testostérone, cette fameuse hormone que l’on associe souvent à la virilité, aux muscles, à la compétition… mais aussi – plus rarement – au comportement et au rapport que nous entretenons avec notre environnement. Curieux mélange, non ? Et pourtant, de plus en plus d’études scientifiques révèlent que nos comportements sociaux, nos décisions et même notre manière d’habiter la planète pourraient bien être influencés, en partie, par cette molécule aux mille facettes.
Alors que l’on s’interroge sur l’avenir de nos modes de vie et nos relations avec la nature, il est temps de jeter un petit coup d’œil à l’intérieur de nous. Parce que parfois, pour mieux comprendre ce qui se passe dehors, il faut commencer par regarder dedans.
À quoi sert la testostérone, exactement ?
Avant de se lancer dans des réflexions plus larges, un petit point science s’impose (promis, on fait simple). La testostérone est une hormone stéroïdienne, principalement produite par les testicules chez les hommes et les ovaires chez les femmes – oui, les femmes aussi en produisent, même à doses moindres ! Elle joue un rôle crucial dans le développement des caractères sexuels secondaires, mais ce n’est pas tout.
Elle influence aussi une large gamme de comportements : agressivité, dominance sociale, compétitivité, libido, prise de risque… C’est une sorte de régulateur invisible de notre rapport au monde. Mais « rapport au monde » ne veut pas seulement dire « rapports sociaux ». Et si la testostérone avait aussi un rôle – même indirect – dans notre capacité à coopérer, à préserver, à vivre en harmonie avec la nature ?
Testostérone et comportement : plus sauvage ou plus protecteur ?
Lorsqu’on évoque la testostérone, une image domine : celle d’un individu prêt à se battre pour sa place, dans une logique de domination plutôt que de coopération. Et ce n’est pas totalement faux – mais aussi pas totalement vrai. Tout dépend du contexte.
Dans un environnement perçu comme menaçant ou compétitif, la testostérone tend à renforcer des comportements dits « égo-centrés » ou individualistes. Ça se traduit par une tendance accrue à vouloir dominer, prendre des décisions rapides, parfois au détriment des autres ou de l’écosystème.
Mais (et c’est là que ça devient passionnant), dans un contexte de groupe soudé et solidaire, la testostérone peut aussi renforcer l’attachement à la communauté, la loyauté et la défense des intérêts communs. En clair, on peut être rempli de testostérone et profondément attaché à une cause collective – y compris l’environnement !
Et si notre biologie influençait notre lien à la nature ?
Le lien entre testostérone et comportement environnemental n’est pas aussi direct qu’une équation mathématique, mais certaines pistes méritent toute notre attention. Des chercheurs ont par exemple établi que les individus présentant un taux plus élevé de testostérone sont souvent plus attirés par les défis, les expériences intenses, les activités « extrêmes ». Cela va de l’escalade libre à… la course en voiture sur circuit, en passant par l’ascension de sommets inconnus.
Vu comme ça, pas forcément très écolo. Sauf qu’un taux de testostérone élevé peut aussi motiver des comportements de pionniers éco-conscients : explorer des modes de vie alternatifs, défendre une cause avec fougue, s’engager dans une mission de reforestation en Amazonie ou devenir activiste pour la sauvegarde des océans. Et si les « casse-cou » devenaient les nouveaux héros du climat ?
Il y a quelques années, j’ai rencontré dans un voyage (en éco-volontariat) un photographe animalier canadien surnommé Marc « le grizzli ». Une énergie hors du commun, capable d’attendre des heures sous la neige pour photographier un loup, de grimper sur des glaciers sans se plaindre du froid… Un « fort en testostérone » à l’évidence, mais aussi un amoureux inconditionnel de la nature, ultra-sensible à la cause animale. Une belle preuve que biologie et écologie peuvent cohabiter harmonieusement.
L’éducation et la culture : les autres pièces du puzzle
S’il y a bien une chose que la testostérone ne dicte pas, ce sont les valeurs qu’on nous transmet. Et c’est peut-être là le vrai levier. Car peu importe notre taux hormonal, c’est aussi (et surtout !) l’éducation, la culture, le contexte social et affectif dans lequel on grandit qui forgent nos choix et nos engagements.
De nombreux chercheurs en comportement humain expliquent que les hormones, sans être insignifiantes, sont surtout amplificatrices. Elles ne créent pas un comportement de toutes pièces ; elles renforcent une tendance déjà présente. Dès lors, un individu éduqué dans une culture de respect de la nature, de coopération et de solidarité aura bien plus de chances de canaliser sa puissance hormonale vers des actions positives pour l’environnement.
Dans ce sens, initier les enfants – filles comme garçons – à l’émerveillement devant les insectes, aux balades en forêt, à la gestion de leur propre petit potager n’a rien d’anodin. C’est peut-être même notre meilleur moyen, à long terme, de faire de notre biologie une alliée du vivant.
Testostérone et patriarcat : une histoire à dissocier
La confusion vient souvent du fait que testostérone et masculinité patriarcale sont mises dans le même panier. Or, la virilité toxique, consommatrice, prédatrice, compétitive… n’est pas un effet direct de la testostérone. C’est avant tout un produit social organisé autour de normes archaïques et déséquilibrées.
Autrement dit : est-ce que la testostérone pousse à dominer la planète pour en extraire toutes ses ressources ? Non. En revanche, dans un modèle patriarcal valorisant la performance, la conquête et la rentabilité au détriment des éco-systèmes, elle peut nourrir ce type de comportement. Mais elle pourrait tout aussi bien nourrir d’autres valeurs, dans un cadre différent.
Et si finalement, au lieu de diaboliser cette hormone, on apprenait à l’intégrer intelligemment à un projet de société plus écologique, plus inclusif et plus équilibré ? Décidément, tout est question de cadre…
Favoriser une écologie inclusive, aussi dans la biologie
Repenser notre rapport à la nature, c’est aussi repenser nos propres mécanismes internes. Comprendre que nous ne sommes pas que raison ou volonté, mais aussi traversés d’élans biologiques qu’il est possible de canaliser. Se réconcilier avec notre nature animale, en somme, sans la laisser prendre le dessus sur notre capacité à vivre de manière consciente et alignée avec nos valeurs.
Le futur ne se construira pas contre la nature humaine, mais avec elle. Et ce futur-là aura besoin de force, de détermination, d’audace… autant que d’écoute, de soin et de coopération. La testostérone peut nous aider à oser, à agir, à protéger ce qui nous tient à cœur. C’est une boussole intérieure ; à nous de choisir la direction.
Comment faire de cette énergie un atout pour la planète ?
Voilà donc une bonne question pour nos conversations du prochain apéro écolo entre amis. Mais si on devait résumer quelques pistes concrètes pour transformer cette hormone souvent mal comprise en moteur positif, voici ce que cela pourrait donner :
- Canaliser le goût du défi : orienter l’envie de challenge vers des aventures écoresponsables (clean-ups extrêmes, défis zéro déchet, treks de sensibilisation…).
- Encourager l’activisme éclairé : se servir de l’énergie naturellement intense pour défendre des causes environnementales avec courage et ténacité.
- Favoriser l’éducation émotionnelle : apprendre à décoder ses comportements, reconnaître ses pulsions, et développer une intelligence relationnelle pour mieux les mettre au service du vivant.
- Sortir des stéréotypes de genre : permettre à chacun, indépendamment de son genre ou de ses hormones, d’exprimer son lien à la nature de manière authentique et créative.
En réalité, il y a autant de façons de vivre en harmonie avec sa testostérone qu’il y a d’êtres humains. L’essentiel, c’est d’en faire une force au service d’un monde plus juste, plus équilibré et plus respectueux de notre belle planète. Et ça, c’est une vraie victoire… hormonale ou non 😉